jeudi 18 avril 2013

AnaCo 5/9 - Les Maï-Maï sont entrés dans la ville



Didier de Lannoy

Congo bololo

2013
  
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Les Maï-Maï sont entrés dans la ville
 
Des "sécessionnistes katangais" !
Et alors ?Ce n'est pas une raison pour fermer sa gueule sur un massacre !

29 mars 2013

Ce n'étaient pas des gens d'ici.
Ce n'étaient pas des citadins, c'étaient des gens d'ailleurs, « de l'intérieur » comme on dit. Ils venaient de la grande périphérie, de la zone annexe ou de la ferme Beijing ou de la campagne profonde, on ne savait pas exactement. Ils voulaient 

 - « Nous sommes fatigués d'être des esclaves ! Nous ne voulons plus de cette souffrance ! » auraient-ils déclaré aux agents de la Monusco
se rendre et se faire entendre. Plus de deux cent cinquante personnes. Un bandeau, aux couleurs de l'ancien drapeau du Katanga, ceint autour de la tête. Des hommes et des femmes. Et, parmi eux, beaucoup de mineurs. Ils ont marché, marché, marché, pendant des kilomètres. En chantant. Certains d'entre eux étaient armés (des fusils de chasse, des arcs et des flèches, des machettes, des fétiches et quelques armes de guerre). Ils sortaient de nulle part. Personne ne les avait vu venir. Ils sont entrés dans la ville par les faubourgs. Ils ont marché, marché, marché. En chantant. Ils ont parcouru près de quinze kilomètres et traversé quatre communes. Pacifiquement. Des policiers ont abandonné leurs armes, enfilé des tenues civiles et pris la fuite. Personne n'a stoppé leur avance. Ils ont fini par arriver au centre-ville en fin de matinée et ont gagné la place de la Poste. Ils ont déchiré le drapeau de la RDC et hissé le drapeau du de l'ancien Etat sécessionniste du  Katanga. En chantant. Les commerçants ont pris peur et ont rapidement fermé leurs boutiques. La panique a gagné tous les quartiers. Des centaines de milliers de citadins, frappés de stupeur, se sont mis à pisser et à chier dans leur froc en regardant un cortège de quelques dizaines de paysans défiler et traverser leur ville en chantant. Ils ont marché sans que rien ne les arrête. Pacifiquement. C'étaient des paysans, ils voulaient se faire entendre. Ils ont continué de marcher jusqu'à ce que des éléments de la Garde républicaine aient reçu l’ordre

 - Ces gens-là étaient dans l'illégalité ! Ils n'avaient pas le droit de manifester ! Ils n'avaient même pas introduit de demande d'autorisation officielle préalable ! Et s'ils avaient voulu se rendre, ils auraient dû déposer leurs armes à l'entrée de la ville ! La RDC est une Etat de droit quand même !
 de leur tirer dessus à balles réelles. Ils ont poursuivi leur progression. Ils ont arraché des barrières, forcé des portes et investi des bâtiments publics. Rien ne pouvait les arrêter. Ils ont tenté de rejoindre le siège de l'Assemblée provinciale. Ils voulaient se faire entendre.

Toujours sous le feu des éléments de la Garde républicaine, transportant leurs blessés, les manifestants ont trouvé refuge au camp de la Monusco.
Ils y ont été désarmés et soignés.
Puis livrés aux autorités militaires.
Et aussitôt transférés
 

- Moins les nombreux enfants ? Moins la cinquantaine de blessés (dont quinze seraient dans un état grave) ? Moins les dizaines de morts (2 corps qui auraient été retrouvés à l'entrée du Tunnel, 1 corps dans le Tunnel même, 1 corps au niveau de l'arrêt de bus Savonnier, 7 corps sur le tronçon compris entre le bar La Pelouse et l'église Garengaze, 7 autres entre la station d'essence Kasenga et le Bureau 2 en face du bar La Pelouse, 3 corps au niveau de Centre-ville non loin de la borne fontaine, 3 autres sur le tronçon entre l'école Bisounours et le bâtiment abritant les bureaux du cadastre sur l'avenue Mama Yemo*, etc)  
dans la capitale, à bord de deux avions militaires, pour y être « mis au secret » et « interrogés » par ses services de« renseignements » ou de « détection des activités anti-patriotiques ».
Ils seront ensuite, après « aveux sur procès-verbal », traduits devant les tribunaux militaires et « justice sera faite »

Cela s'est passé le samedi 23 mars 2013, dans la matinée, à Lubumbashi, en République démocratique du Congo.

On se pose (en haut lieu) les questions suivantes, notamment : Où, depuis quand et comment autant de jeunes ont-ils pu ainsi se retrouver ensemble ? Qui les a rassemblés ? Qui les a guidés ? Le général Numbi avec qui le chef du groupe « Kata Katanga », Ferdinand Kazadi Ntanda Imena Mutombo (déjà arrêté en 2004, transféré à Kinshasa et relâché sans procès), aurait des contacts réguliers ? Le gouverneur de la banque centrale, Masangu Mulongo, qui leur aurait fourni « des nouvelles coupures de billets de banque de 10.000 et 20.000 francs congolais à titre d'encouragement »* ? Ont-ils été drogués ? Pourquoi les services de sécurité se sont-ils montrés si défaillants?
On ne se pose pas (en haut lieu) les questions suivantes, notamment : Quelles sont les problèmes économiques et sociaux auxquels la plupart des gens se trouvent confrontés, permettant toutes les manipulations xénophobes ou séparatistes, et dans lesquelles de semblables mouvements de mécontentement populaire trouvent leurs racines profondes : celui de Bakata Katanga à Lubumbashi tout comme celui des Enyele en Equateur ou celui des adeptes de « Bundu dia Kongo » au Bas-Congo ? A partir de quel degré de pauvreté, de raz-le-bol, de désespoir ou de frustration, des jeunes gens et des jeunes filles normalement constitués sont-ils prêts à se laisser « instrumentaliser », à prendre des risques inconsidérés et à se lancer dans des actions, à première vue, suicidaires ?


* D'après un « Rapport des ONG de la Société civile du Katanga » rendu public le 27 mars 2013 à Lubumbashi, tel que reproduit dans Le Potentiel du 28 mars 2013 sous le titre « La Société civile lève un coin du voile ». A noter une réaction des « Amis de Masangu » dans Le Potentiel du 29 mars 2013 (signée  Masamba Yesse), contestant ledit Rapport, qualifié de « hâtif », « non vérifié » et « réalisé on ne sait dans quelles conditions », confirmant de façon sous-entendue, l'implication du général Numbi, affirmant que « l'idéologie Kata Katanga a un auteur intellectuel, c'est Kyungu wa Kumwanza » et précisant que les manifestants avaient, au départ, l'intention de « présenter le cadavre d'un creuseur au gouverneur du Katanga »

dimanche 30 décembre 2012

AnaCo 5/8 - Quelques notes, éparses et sans prétentions, sur : Le caca, le pipi, le colon... le capitalisme colonial ! Ou comment la colonisation n'a jamais été, n'est pas et ne sera jamais un détail de l'histoire de la RDC...


Didier de Lannoy

Congo bololo

2012
  
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Souffrez 
- Comme disait le vieux Mudabi ! 
que je m'offre, en cette fin d'année, le plaisir taquin de diffuser (en vrac, par petites touches et presque en stoemeling... en les glissant subrepticement dans le paquet des messages de voeux de nouvel an que chacun se sent obligé d'envoyer... ou de recevoir et de "réciproquer") un texte  zoba-zoba, résultant de l'assemblage de différentes « chutes » (fragments de dépêches ou de croquis déjà diffusés par l'agence de presse privée « Ana et le Congo ») et dont la mise en commun devrait permettre de donner une image assez exacte de la colonisation, telle que perçue, ressentie ou éprouvée par une partie importante de la population congolaise...

Jusqu'à présent, j'ai 
- Quelquefois, pas toujours !
eu pitié des lecteurs, j'ai voulu leur épargner ça et je me suis retenu
- Difficilement ! 
de faire figurer ces « commentaires très personnels » ou ces « questions  très innocentes »
- Fallait pas emmerder les gens, les assommer de discours pompeux (les obliger à enfourner d'un seul coup, sans mâcher, sans sauce ni rien, sans légumes ni poisson salé, sans même un peu de pili-pili, d'énormes kwangas... du genre de ces fameuses « Kin 7 jours » que j'achetais dans le temps, au marché de Kintanu, sur la route de l'ex-Bas-
«Zaïre» ) indigestes et prétentieux !
là où auraient normalement dû trouver leur place : dans des notes en bas de page...

Et pour bien montrer que je n'ai ni les moyens intellectuels ni surtout l'ambition de me prendre trop au sérieux, je propose d'appeler ces « commentaires très personnels  » et « questions très innocentes » des


 
Notes idojoliks (soki idologiks)
dédicacées à Anastase Nzeza Bilakila (alias Ya Nze), à Marie Tumba-Nzeza, à Kankwenda Mbaya, à Léon Engulu Baangampongo Bakokele Lokanga, à Evariste Mabi Mulumba, à Raphaël Mpanu-Mpanu Bibanda, à Yoka Lye Mudaba, à Gauthier de Villers, à Jean Omasombo, à Ekambo Duassenge Ndundu, à Erik Kennes, à Ludo De Witte, à Germain Mukendi, à Albert Kisonga, à Achille Ngoye, à Emongo Lomomba, à Gatarayiha Majinya, à Bongeli Yeikelo ya Ato, à Kabeya Nyonga, à Monique Fodderie et à Malou Fontier, à Anny Mandungu, à Satyam Shivam (alias Shayla), à Muepu Muamba, à Chéri Samba et à Freddy Tsimba, à In Koli Jean Bofane, à Bibish Mumbu et à Fiston Nasser Mwanza Mujila, à Vieux Henri et à Roger Mazanza, à Max Ngbanzo la Mangale, à Suke Nzanga, à Salumu Yamba-Yamba, à Denise Mputu, à Césarine Bolya et à Antoinette Safu Mbakata, à Ileke Engulu (dite Marie-José) et à Rachel Mpanu-Mpanu, à César Lumbu (alias Qui Saura), à Anselme Kalele Tampi et à son "lipata", Kalala Mukinsong...   (mes "maîtres à penser le Congo" et à vivre en bonne intelligence avec ses habitants... qui, tous, à un moment ou à un autre, à un niveau ou à un autre, m'ont appris ou fait comprendre quelque chose d'important... ou, tout simplement et très utilement,"remis à ma place")

(depuis le 31 décembre 2012 jusqu'...


Pourquoi les diffuser maintenant ?
La fin de l'année, c'est le moment de régler quelques comptes, non ? Et de faire des bilans, non ?

Mais si je diffuse à présent 
- Avec de multiples « précautions oratoires », comme on peut le constater ! Je prends bien soin d'enlever les essuies-glaces de la voiture pour qu'on ne puisse pas me coller de PV sur le pare-brise... sous prétexte que je me serais mal garé, sur les plates-bandes des spécialistes et particulièrement (ce sont les pires ?) des africanistes certifiés et reconnus conformes aux normes internationales par une agence de notation ou un office de contrôle de qualité !
ces « commentaires très personnels  » et ces « questions très innocentes », c'est aussi pour répondre à une « demande » de mon vieux complice et poteau (avec lequel je suis souvent en désaccord... mais pas toujours) Gauthier de Villers qui 
- Alors que ce n'est pas mon expertise ! Je ne suis pas un idéologue (ni même un historien comme l'ineffable DVR !), je ne suis ni un sociologue, ni un économiste, ni un politologue ou un militant politique et encore moins un "intellectuel",  je suis seulement un "écrivain", un bretteur de verbes, un relayeur-remueur-agitateur d'idées, un metteur en scène, en phrases et en mots de réflexions que les gens que je rencontre portent au plus profond d'eux-mêmes... Et je peux donc, tout au plus, me faire l'écho de quelques analyses sociales tout à fait remarquables produites par plusieurs grands morts (Patrice Lumumba, André Nkanza Dolumingu, Mabika Kalanda, Ilunga Kabongo, Luambo Makiadi, Bimanyu Kamanzi "Soum", Kabombo Wadi, Mwamba Bapuwa, Judith Bisumbu, Matala Mukadi Tshiakatumba...) et de nombreux grands vivants (que je ne citerai pas même si la plupart d'entre eux figurent déjà en dédicace) ... mais « na ndenge na ngai kaka !», de façon relax, dans des termes « bandants » (si j'utilise ce terme, c'est pour énerver et faire râler quelques copines, oh !), parce que je suis un foutu kokretcheur et que j'entends rester  (même si je ne fume plus, ne sors plus, ne bois plus, n'entends plus et ne vois plus très bien, ne parle plus beaucoup, ne jette plus aucun braillard et n'abandonne plus aucune drôlesse sur les marchés de l'emploi, de la guerre, de l'amour... ou de la révolution en profondeur des choses et des gens ou de la transformation de la zoziété) un incorrigible farceur, un blasphémateur hilare, un sale péteur, un voyou sans pudeur ni scrupule, un jean-foutre HEU-REUX !   
voudrait que je m'interroge sur les réalités collectives, les évolutions sociales et culturelles "endogènes" et qui me réclame des « études » un peu plus sérieuses que les annotations (non pertinentes et déraisonnables, certes, je n'en disconviens pas...) de ddl, de Vié ba Diamba et/ou d'Esprit ya Mofiti (aux musiques quelquefois différentes ou complémentaires, non ?) qui accompagnent très joyeusement certaines dépêches de l'agence AnaCo (série 4), oh !

Et je dois bien ça aussi à Justin Mayimba et aux nombreux amis 
- Merci à Sarah, à Erik, à Bénédicte... et à tant d'autres !
qui m'ont bien soutenu dans la polémique qui a suivi la diffusion d'une de mes dépêches se rapportant à l'ouvrage
« Congo. Une histoire » de David Van Reybrouck... alors que j'étais attaqué de toutes parts... par les héritiers de Léopold II, de Monseigneur de Hemptinne, du général Janssens et de Jean Schramme... et même par les descendants des anciens “croisés” ou templiers! et par les fils de “bonnes familles” de la prétendue démocratie 
 - Les termes sont-ils seulement compatibles ?
chrétienne” qui ont tous (avec ravissement) lu "Tintin au Congo", qui ont tous vu (avec émotion) leurs parents donner avec ostentation des pièces de 5 francs et même un billet de 20 francs à la grand-messe du dimanche pour soutenir les "oeuvres missionnaires" et qui ont tous (en sus de quelques actions “perdues” de l’ancienne Union Minière du Haut-Katanga UMHK ou de la Forminière, la Générale des Forestières et Minières) un oncle Scheutiste ou Jésuite, un vice-gouverneur, des enfants naturels (des métis, oh ! des « balles perdues »... tirées, pendant la sieste, avec une secrétaire du bureau ou avec la « nounou »
- Elle n'arrêtait pas de me harceler !
des enfants... alors que la Madame de la maison était partie « se reposer » à Mbanza-Ngungu, qui s'appelait alors Thijsville, des chaleurs de la ville de Kinshasa, qui s'appelait alors Léopoldville) non reconnus... ou l'un ou l'autre « chef de chantier » ou « conducteur  
- A peine arrivés au Congo, les travailleurs belges devenaient automatiquement (prestige du Blanc oblige !) des « chefs » et adoptaient aussitôt  l'idéologie raciste coloniale dans laquelle les rapports de classe et les rapports de race tendaient à se confondre et où la différence de race suffisait à « justifier » les privilèges exorbitants des travailleurs venus d'Europe , leurs « différences » de statut, de droits et de rémunération par rapport aux conditions consenties aux travailleurs dits « indigènes ») !
de travaux » d'une entreprise de construction ou (c'est vachement plus chic... et ça en jette du côté d'Uccle, de Schoten et de Grez-Doiceau) un « planteur » du Kivu dans leur arbre généalogique ?



*
* *



Note idojolik (soki idologik)1 : Le caca, le pipi, le colon... le capitalisme colonial !

Je l'avais déjà noté dans mes « cookies »:
 
Le caca, le pipi, le capitalisme
- Dans cette secte-là, tout se mange ! Tout se consomme !

n'arrête pas de régler l'existence des hommes... ne laisse jamais personne mener sa propre vie, à sa façon, comme il l'entend... se porte bien, a toujours bon appétit... identifie de nouveaux créneaux porteurs et continue de fabriquer de la merde et du pissat...

Mais le capitalisme colonial, c'est encore pire !
 


Note idojolik (soki idologik) n°2 : Quelques hauts faits du capitalisme colonial au Congo

Deux crimes.
Un viol... suivi d'un assassinat.


Pour un viol y a-t-il jamais prescription ? Après combien de temps ? Une réparation est-elle possible, envisageable ? Une compensation financière, peut-être ? Tous les dégâts sont-ils réparables ? Certains ne sont-ils pas devenus irréversibles ? Peut-on imaginer un mariage ou, à tout le moins, une reconnaissance de paternité si la fille tombe enceinte ? Le violeur a-t-il jamais reconnu son crime ?

L'assassinat, c'est celui de Patrice-Emery Lumumba.

C'est la mise à mort de tous les enfants nés du viol... ceux-là même qui voulaient, non pas supprimer l'Etat colonial mais le mettre au service de la population et en faire une nation. C'est la mise à mort, l'abattage et le dépeçage ignobles et monstrueux de ceux qui voulaient transformer la colonie Congo belge en une République effectivement démocratique.

C'est, après leur assassinat, la destruction totale des corps de ces « bâtards », de ces « traîtres » ou de ces « communistes » qui s'étaient permis de contester l'ordre établi par un système capitaliste colonial... qui entendait, coûte que coûte, se perpétuer.
C'est la destruction totale des corps de Lumumba et de ses compagnons de lutte, leur désintégration, leur dissolution, leur annihilation, leur néantisation.
Des corps qu'aucune terre ne pourra jamais manger.
Des morts sans corps.
Des morts errants...

Tout a été fait pour qu'aucun matanga ne puisse réunir les proches des victimes, pour que personne ne sache où se recueillir, pour qu'aucune « retrouvailles » ne puisse jamais être organisée ?

Note idojolik (soki idologik) n°3 : Prendre les armes de l'ennemi et s'efforcer de nationaliser un « héritage » imposé

Accepter
- Mais pouvait-on faire autrement ?
l'héritage colonial c'était être obligé d'adhérer à l'économie de marché et d'être, de ce fait même, assujetti à un système conçu, mis en place et  
- Faute d'une « Bourse de Paris, de Bruxelles ou de New York », à Kinshasa ?
géré à l'extérieur
C'était également être obligé d'adhérer à un système de valeurs (représenté par le christianisme) venu 

- Faute d'une Mecque, d'une Jérusalem ou d'un Vatican au Congo ?
de l'extérieur...

On ne pouvait pas faire autrement ?
On pouvait, à tout le moins, essayer de « prendre les armes de l'ennemi » et s'efforcer de « nationaliser » cet héritage ?
Certains l'ont essayé... Simon Kimbangu a été condamné à la peine de mort. Patrice Lumumba a été assassiné.

Mobutu lui-même (le "recours à l'authenticité", la "zaïrianisation") a
«interpré » sur la scène nationale et internationale
- Mais avec un manque flagrant de conviction, de sincérité... ou de talent ?
certaines scènes de «La tragédie du Roi Christophe » d'Aimé Césaire...
Sans effet !

Le travail reste à faire ?

Note idojolik (soki idologik) n°4 : Le capitalisme colonial ce sont des peuples expropriés et dépossédés... et entrés de force dans une « économie de marché » dont ils n'étaient absolument pas demandeurs

Le capitalisme colonial, ce sont :
des peuples expropriés, dépossédés (de leurs terres, de leur histoire, de leurs systèmes politiques, économiques, judiciaires, sociaux, éducatifs, sportifs, sanitaires, culturels* et religieux) et obligés d'adhérer à d'autres systèmes
des systèmes qui sont commandés d'ailleurs
des systèmes dont ils n'ont pas le contrôle
des systèmes qui sont au service d'intérêts extérieurs

La capitalisme colonial ce sont des peuples libres qui ont été asservis.
Le capitalisme colonial ce sont des peuples entrés de force dans une économie de marché dont ils n'étaient pas demandeurs... comme
- Comme parties prenantes, entrepreneurs, actionnaires ou même, tout simplement, comme «collègues » ou « collaborateurs »  ?
portefaix, coolies, porteurs, déchargeurs, fort des halles, nervis d'une « force publique » de répression, plantons et messagers, « boys » et « ménagères »... dans des rapports de production qui, à l'époque de l'Etat Indépendant du Congo et ensuite du Congo belge jusqu'à la fin de la Deuxième guerre mondiale, s'apparentaient à ceux qui prévalaient du temps de l'esclavagisme et de la féodalité... Et, au fur et à mesure
- Mais le renforcement des capacités des serfs et des esclaves de la colonie, devenus travailleurs salariés, tel que réclamé par le développement interne du système capitaliste colonial... devait nécessairement conduire à la contestation de ce système. Ce sont, comme on le disait « dans le bon vieux temps », les contradictions internes du capitalisme, non ? 

de la croissance économique coloniale, comme main d'oeuvre bon marché permettant à l'économie coloniale d'être très compétitive sur les marchés mondiaux : ouvriers (travailleurs agricoles, cantonniers, mineurs, dockers, etc), agents ou préposés (caporaux et sous-officiers, dactylographes et préposés au classement, clercs, infirmiers et même abbés, etc) de deuxième catégorie... 



* Y compris de leurs systèmes de défense des droits de l'homme au sein du groupe social, de leurs systèmes d'attribution des noms... supplantés par des surnoms, des prénoms issus du calendrier chrétien... voire (à la demande du fisc, de la police, des missions et/ou de la "territoriale" ?) par des "noms patronymiques" sans aucun rapport l'histoire de la famille et les circonstances particulières de la naissance de chacun des enfants, etc...

Note idojolik (soki idologik) n°5 : Paul Panda Farnana... et les quelques centaines de milliers de diplômés congolais de l'enseignement supérieur et universitaire qui auraient normalement dû oeuvrer au Congo dans les années 1960

Il ne faut pas se moquer du monde et Van Bilsen est un faux naïf et un vrai charlatan : si la capitalisme colonial avait voulu « jouer le jeu » et qu'il s'était donné pour finalité non pas seulement l'ouverture de nouveaux marchés pour les capitaux belges mais aussi la création d'un véritable capitalisme national, il aurait, dès la fin du 19e et le début du 20e siècle formé
- Les systèmes éducatifs traditionnels n'ayant pas vocation à servir un système économique qui leur était étranger !
et mis sur le marché (bien avant les premières importantes manifestations organisées de mécontentement populaire, bien avant les prophètes de la libération, fondateurs d'églises chrétiennes noires non-violentes, bien avant la révolte des Pende et le mouvement kitawala, etc) les centaines de milliers de diplômés congolais de l'enseignement supérieur
- Paul Panda Farnana a décroché, en 1909, avec le plus grande distinction, son diplôme de l'Ecole d'horticulture et d'agriculture de Vilvorde. Paul Panda Farnana, formé en marge et « en fraude » du système colonial (et assassiné en 1930 dans des circonstances restées obscures) a ensuite été « effacé de l'histoire » par le système capitaliste colonial et des instructions strictes ont été données pour que de semblables transgressions de l'ordre colonial ne se reproduisent plus !
et universitaire dont un système capitaliste réellement national aurait eu besoin pour pouvoir se développer normalement


Note idojolik (soki idologik) n°6 : Bolongwa !

En bref, voilà ce que le peuple congolais demande
- Venez à notre secouuuuuuuuuuuurs ? Aiiiiiiiiiidez-nous ?
- Bolongwa ! Cassez-vous ! Foutez le camp ! Emportez vos bricoles et ne remettez plus jamais les pieds ici !

à ses bienfaiteurs « autoproclamés » (distributeurs de casseroles, de vêtements, de couvertures et de bâches sur des terrains de football d'écoles primaires ou secondaires...) et à ses partenaires « imposés » de la prétendue communauté internationale.

Et ceux-ci ne veulent rien entendre ?

Note idojolik (soki idologik) n°7 : Shabantu mukile Shabintu... et les grandes révolutions mondiales (toujours en cours) : la révolution socialiste, la révolution anticoloniale et (mais je n'en parlerai pas ici *), la révolution féministe

Comprendre ngai kaka! Je ne suis pas ou je ne suis  
- L'ai-je jamais été ? 
plus, ni romantique, ni « révolutionnaire »... depuis près de 50 ans.
Mais j'obéis ou m'agrippe,
très fermement, à quelques grands « principes de vie en société», humanistes et
- La Révolution française les a sans doute popularisés, elle ne les a pas inventés ! Ces principes figurent, notamment, dans de nombreux proverbes de différentes traditions orales ! Des exemples ? En voici deux parmi tant d'autres : « Mosapi moko esukolaka elongi te » (proverbe lingala) un seul doigt ne nettoie pas le visage ou encore « Shabantu mukile Shabintu » (proverbe Songye) celui qui vit avec les gens est plus riche que celui qui vit entouré de biens**
universels : pas de liberté sans égalité, pas d'égalité sans « fraternité » (à entendre dans le sens de solidarité), pas de « fraternité » sans liberté. Pour le reste 
- Avec humour, j'y tiens !
je reste fondamentalement anarchiste ! 

Et je me glorifie, par surcroît, d'être considéré comme « lumumbiste »...

Si je crois que les sociétés ont quelquefois besoin de « déclics » ou « électrochocs » et de l'action de certaines personnes déterminées (déclencheurs et catalyseurs) pour se transformer, il ne faut pas oublier :
que les déclencheurs  (évènements et personnes)  sont amenés par des vagues de fond qui, parfois, viennent de très loin (dans l'espace et dans le temps)
que les transformations en profondeur de la société s'inscrivent dans le cadre d'une évolution globale et progressive des sociétés humaines et s'opèrent sur une longue durée. 

Je crois donc :
qu'il y a eu une « révolution socialiste » mondiale, non réductible à ce qui s'est passé, ponctuellement, dans tel et tel pays (... et sans, non plus, minimiser ces apports) et que le monde d'aujourd'hui, grâces aux luttes ouvrières et paysannes, n'est plus celui dans lequel vivaient les ouvriers et la paysans des temps passés !
et qu'il y a eu aussi une « révolution anticoloniale » mondiale, non réductible à ce qui s'est passé, ponctuellement, dans tel et tel pays (... et sans, non plus, minimiser ces apports) et que le monde d'aujourd'hui, après les luttes de libération nationale, n'est plus celui dans lequel vivaient les peuples au temps de l'esclavagisme et du servage colonial !

Et que c'est tant mieux !


* La « révolution féministe » étant sans doute (me rappellent souvent, à juste titre, Ouardia Derriche, Nadine Plateau, Marie Tumba, etc) la plus importante parce qu'elle concerne, au minimum, la moitié de toute l'humanité !

** D'après Philomène Mwaluke « les Songye de Kinshasa ont honoré la mémoire de l'abbé Mwela » in La Prospérité du 14 février 2012

Note idojolik (soki idologik) n°8 : Les colonisateurs étaient venus au Congo pour, disaient-ils, « apporter la civilisation », « faire oeuvre d'évangélisation » et enseigner le message du Christ...
 
Et la civilisation c'est quoi ? La coercition : les travaux « d'ordre éducatif », la soumission à l'impôt personnel, la conscription militaire, les relations sexuelles contraintes, les dépistages vénériens et les vaccinations obligatoires  ? L'entrée forcée dans une économie de marché et la marchandisation des biens et des services ? L'indigénisation et la prolétarisation des être humains ? La corruption (application « disgracieuse » de la loi de l'offre et de la demande) en tant que système de gouvernement  ?

La construction du capitalisme colonial était un travail de force !
Et les évangélistes chrétiens sont venus en appui, chargés de la mobilisation de la propagande et de l'animation !
Il s'agissait, en effet, de convaincre la population
- Par la contrainte physique... le lavage des cerveaux et la violence "morale" ! Qu'ont donc enseigné les missionnaires catholiques et, dans une moindre mesure (ceux-ci étant plus au service du "marché" international que de la "colonie" belgo-belge), protestants aux Peuples du Congo, si ce n'est à renier leurs valeurs et leur identité, à mépriser leur culture, à apostasier leurs croyances (appelées "fétichistes" et traitées de "sataniques"), à abjurer toutes formes de "spiritualité" et d'"humanisme" traditionnel, à se détourner honteusement de leurs coutumes et à adopter aveuglement les langues, les religions militarisées et les moeurs barbares des envahisseurs ?

d'adhérer à l'économie de marché (de vendre leur force de travail, d'obéir aux ordres des administrateurs et des colons, de consommer des produits importés, etc)...

Note idojolik (soki idologik) n°9 : Un théâtre, des acteurs et des spectateurs et une population laissée « en dehors du spectacle» ?

Le Congo serait-il un grand théâtre ?
Risquons-nous à formuler des hypothèses : Il y aurait au Congo
des « acteurs » de haut niveau (des premiers rôles, des seconds rôles et aussi des figurants talentueux) et même des « saltimbanques » plus ou moins biens rémunérés...
et aussi des spectateurs endimanchés plus ou moins bien placés : des spectateurs des cinq premiers rangs, des spectateurs du milieu de la salle, des spectateurs du fond de la salle, des spectateurs du dernier rang... et ceux qui ne voient pas bien la scène parce qu'ils sont placés derrière des colonnes ?

Il y aurait, au Congo, des « ministres » qui joueraient à être ministres mais qui n'administreraient pas grand-chose, des « gouverneurs » qui joueraient à être gouverneurs mais qui ne gouverneraient pas grand-chose, des députés qui joueraient à être des représentants du peuple qui ne représenteraient pas grand-chose (ni une classe sociale, ni même un pouvoir coutumier)... et qui, pour la plupart d'entre eux, vivraient de ce qu'ils « reçoivent » et non pas de ce qu'ils produisent au bénéfice de la société ?

Il y aurait, au Congo, des magistrats-acteurs de haut niveau qui statueraient "ex cathedra" et feraient autorité à la Cour Suprême de Justice... mais seraient bien incapables d'apporter une contribution réellement positive à un "kinzonzi" auquel ils seraient appelés à participer, des penseurs-acteurs qui soulèveraient les foules... mais nulle part ailleurs que dans les auditoriums des universités et des instituts supérieurs, des officiers généraux-acteurs qui harangueraient les troupes... mais
très en retrait du front et devant des caméras de télévision ? Il y aurait aussi des policiers du roulage-acteurs qui, dans le temps, faisaient des phases au milieu du boulevard du 30 Juin, du côté de Socimat ou de la Poste... mais qui se plaindraient à présent de la concurrence déloyale que leur feraient les signaux lumineux installés par "les Chinois" ? Tout le monde jouerait sa partition. Et chacun ferait attention à ne pas empiéter sur celle des autres ?

Il y en aurait, parfois, des acteurs
- On ferait alors appel à des souffleurs !
qui oublieraient leurs répliques et d'autres acteurs encore
- On les remplacerait alors par des doublures !
qui désobéiraient aux ordres du metteur en scène et se mettraient à improviser ?

Et les opposants ?
Bien sûr ? Les opposants aussi seraient de grands acteurs, grassement rémunérés ? Ils auraient un rôle très important à jouer dans le spectacle ?

 
Avec ou sans talent, un certain nombre de ces acteurs ne donnent-ils pas cependant l'impression de jouer dans une pièce qu'ils n'auraient pas écrite et qui n'aurait pas non plus été écrite pour eux (ni pour les spectateurs de différents rangs)...
... et dont ils ne connaitraient probablement pas les prochains épisodes...
... dans un théâtre dont les metteurs en scène répondraient à des exigences imposées de l'extérieur et dont les actionnaires et administrateurs seraient à la merci de fonds pirates étrangers ?

Il y a aussi, évidemment, des « riches » qui (à l'indicatif présent et non pas au conditionnel) jouent
- Plusieurs bagnoles "bling-bling", plusieurs femmes (ou des marios) "bling-bling", de nombreuses parcelles avec murs d'enceinte barbelés, des chaussures Weston ou Church, une montre Rolex, des fringues à la dernière mode, des caleçons à motifs "hawaïens", des parfums et des bijoux, du champagne et du whisky, des voyages en Europe, en Chine, au Qatar, en Turquie, au Brésil et aux Etats-Unis, une valisette ou un attaché-case plein d'argent liquide !
à être riches....

Mais les pauvres, eux, ne jouent pas aux pauvres. Ils SONT pauvres.
Ils ne peuvent pas même entrer à l'intérieur du théâtre. Ils sont à l'extérieur (comme, il y a kala, les ngembos qui  
- Mais un jour les ngembos ont réussi à rentrer (avec la complicité de Franco ?) dans le bar... et ça craignait... il fallait voir la gueule paniquée des Mvuandus, s'agrippant à leurs bouteilles de Primus !
assistaient à un concert de l'Ok Jazz chez Maître Taureau, à Yolo).
Ils sont « en dehors » d'un spectacle qui ignore même leur existence

Note idojolik (soki idologik) n°10 : Le Congo, un concept géographique ayant acquis une rationalité économique (au sein du système capitaliste colonial) et qui est devenu un fait national incontournable

Le « bassin du fleuve Congo », concept « géographique », tel que balisé et structuré en fonction des intérêts du capitalisme colonial (sous forme d'Etat Indépendant du Congo puis de Congo belge) et ayant acquis, avec le temps, une véritable rationalité économique (en termes d'articulations, de cohérences et de complémentarités 
- Préconiser une "balkanisation" (à tout le moins économique) du Congo en prétextant que l'Est du pays est plus proche des ports de l'océan Indien que de ceux de l'Atlantique, c'est chercher à faire prévaloir une vision néo-libérale de l'histoire du pays et de sa géographie économique et sociale ! C'est donner raison aux entreprises minières et aux "Etats-coupeurs de route" (le Rwanda, l'Ouganda, etc) qui cherchent à piller les ressources du Congo. Le Congo n'est pas une entreprise multinationale exportatrice de minerais ! Le Congo, ce sont des hommes et des femmes qui se connaissent, se marient et travaillent ensemble, ce sont des gens qui vivent, souffrent, se réjouissent et meurent ensemble depuis plus d'un siècle, c'est un population humaine !
internes, notamment) est devenu l'espace du nouvel Etat congolais indépendant.

Et aussi et surtout celui d'une nation congolaise moderne qui est toujours en devenir... 
La création de la nation congolaise, sous l'influence de Patrice Lumumba (et aussi, dans une mesure importante, de Mobutu Sese Seko) doit, en effet, être interprétée comme un tentative non pas de se « réapproprier » 
- Il n'était, certes, plus possible, après l'Indépendance, de rétablir les structures ante-coloniales dont les systèmes politiques, économiques, judiciaires, sociaux, éducatifs, sportifs, sanitaires, culturels ou religieux avaient été détruits ou déformés par la colonisation... et remplacés par les systèmes du colonisateur ! 
mais plutôt de « s'approprier », de rendre réellement national, un héritage colonial (et, plus particulièrement, une économie de marché et ses différents systèmes annexes) dont il n'était plus possible de se débarrasser.
 
Ce même espace pourrait être, demain, celui :
d'un Congo réellement libéré de son inféodation au capitalisme (ex-colonial, néo-colonial... et, à présent, "mondialisé")
d'un Congo dont le peuple congolais se serait enfin approprié.

Note idojolik (soki idologik) n°11 : Kidia, Djufu-Djufu et Rose

Il y a, d'un côté, Kidia (la jolie, la sympathique et l'intelligente... mais l'exclusive, l'arrogante, la chieuse... et la mieux nourrie que tout le monde), à l'intérieur de la maison
et de l'autre, Djufu-Djufu (un vrai Djo, jovial, farceur et très gaillard... un pleyi et un masta... mais aussi un sacré bosseur, un lutteur inventif et plein d'énergie, sachant faire valoir ses droits et réclamer son dû) et Rose, la Djamusket (élégante et gracieuse... mais dure, jalouse, revendicatrice, combative, surtout depuis qu'elle a eu ses petits... et qu'on les lui a enlevés), devenue
- Et bien décidée à faire la peau de Kidia !
la compagne de Djufu-Djufu et la mère (parmi d'autres, sans doute) passée et future des enfants de son coquin, à l'extérieur de la maison.

Note idojolik (soki idologik) n°12 : Locataires ou sentinelles du capitalisme mondial

Certains bourgeois « compradors » (comme ont dit... tout en ne sachant pas toujours très bien ce que cela veut dire) donnent l'impression de se comporter comme des occupants à titre précaire des entreprises qui leur sont confiées... ou, si on préfère, comme des « locataires » ou même de simples « sentinelles » du capitalisme mondial ? 
Ceux-là ne respectent pas les lieux et les biens de ce système... parce qu'ils ne se sentent pas
- Comme des représentants de « Peuples autochtones » qui, aux Etats-Unis ou au Canada se verraient confier la gestion de « casinos » ou de
« bordels » installés par des groupes maffieux, sur leurs terres ancestrales  ?
vraiment propriétaires ?

Note idojolik (soki idologik) n°13 : La mondialisation ou « la raison du plus fort est toujours la meilleure »

La mondialisation, c'est le libéralisme sans contraintes, le capitalisme déchaîné, dévastateur. C'est « la raison du plus fort est toujours la meilleure ». Un tsunami qui transforme le monde en un marché unique (et détruit tout ce qui lui résiste : les économies locales, les cultures et les systèmes de valeur particuliers ou différents... traités comme « déviants » et éliminés).

Tout le monde appartient à tout le monde c'est à dire aux plus forts.
Ce sont les produits Guangzhou mis en vente dans les boutiques de Lemba, de Matete et de Masina. C’est le hamburger et la pizza accessibles à tous dans les snacks de la République de la Gombe. Ce sont les invasions minières et pétrolières: le Rwanda et l’Ouganda soutenant le M23, certes... mais aussi la Soco, la Sicomines, Dan Gertler, et le groupe holding kazakh ENRC. C'est la cession de 25% de parts de la Gécamines" dans la Compagnie Minière de Développement COMIDE (détenant les licences d'exploration dans les mines de cuivre de Kii, Mashitu et Pangalume) à "un acheteur mystérieux", une société basée dans les îles Vierges britanniques", dénommée Straker International Corp et dont on ne connaît pas les propriétaires... C'est le riz américain ou thaïlandais qui supplante le riz de Bumba ou de Kindu. Ce sont les religions du livre qui chassent l'animisme. C'est le pain Victoire (ou UPAK ou Pain d’Or) qui remplace la kwanga. C'est David Van Reybroeck qui s'empare de l'histoire du Congo.

La mondialisation n'est pas fondée sur l'échange mais sur l'appropriation. Elle est toujours à sens unique. Elle est, aujourd'hui encore, américaine et pourrait demain, tout aussi bien 
- C'est déjà en très bonne voie !
devenir chinoise.
Je ne suis pas mondialiste, je suis internationaliste !

Note idojolik (soki idologik) n°14 : La mondialisation, avant ça s'appelait la colonisation

La mondialisation, ce n'est pas vraiment neuf. Dans le temps, on appelait ça
- Avant, dans les systèmes pré-capitalistes, on se contentait de piller (on massacrait les hommes, on violait les femmes, on s'emparait du bétail, de l'or et des défenses d'éléphants, on enlevait quelques jeunes sabines dont le large bassin donnait à penser qu'elles étaient aptes à la reproduction) et on ramenait tout son butin à la maison. C'était le temps des vikings, des croisades et des conquistadores, de Barbe Noire, de Léopold II et* des pirates de la mer de Chine...
la colonisation.

C'était
- Sous différents prétextes : évangélisation de (dits) « païens », civilisation de (dits) « sauvages », mise en valeur de terres (dites) « laissées à l'abandon » ...
l'entrée forcée des continents, peuples et pays non-européens dans l'économie de marché. En effet, la construction du capitalisme colonial, au bénéfice des économies de marché dominantes, était

 - On aurait tendance, en Occident, à vouloir l'oublier (discours de Sarkozy à Dakar, procès de l'album BD "Tintin au Congo" en Belgique, etc)... Révisionnisme ou négationnisme ?
une violence faite aux peuples, un crime contre l'humanité : un travail de force, fondé sur la contrainte et des pressions de toutes sortes (travailleurs forcés, croyants forcés, clercs forcés, conjoints forcés, soldats forcés...) : conditionnement mental (opéré par les missions et les écoles), obligation de mettre sa force de travail au service des occupants, soumission à une nouvelle forme d'impôt et répression de tous les mouvements de contestation.

Note idojolik (soki idologik) n°15 : Quelques derniers point d'interrogation, une série de points de suspension et deux ou trois (ou quatre ou cinq) points d'exclamation en guise de conclusion ?

La colonisation et le système capitaliste dont elle procède sont des crimes contre l'humanité... dont on pourrait (a-t-on le choix ?), à la rigueur, « s'accommoder » ... mais à la condition de « nationaliser » (dans le sens de rendre national, transformer et mettre au service de la population) cet « héritage » imposé ?

La colonisation, c'est l'entrée violente et forcée de personnes humaines dans un système capitaliste qui n'était pas « leur », dont ils ne voulaient pas, qu'ils n'avaient pas produit et dont ils n'avaient pas besoin ? C'est l'insertion violente et forcée de l'espace congolais (devenu un Etat et ensuite une Nation) dans une économie de marché fondamentalement tributaire d'intérêts extérieurs... et qui n'appartient toujours pas aux peuples habitant cet espace ?

La colonisation n'a jamais été, n'est pas et ne sera jamais* un détail de l'histoire de la RDC...

Le Congo n'est pas à vendre ! Le Congo n'est pas à conquérir ou à recoloniser ! Le Congo n'est pas une carcasse à se partager... ou à abandonner aux
charognards !
Le peuple congolais, refuse d'être contraint et abusé ! Il ne réclame rien d'autre que d'être propriétaire de son pays !

Bonana 2013 kaka ! 


ddl
alias Vié ba Diamba

* Les “excès” de la Révolution française et les guerres impériales de Napoléon ont-ils fait disparaître, comme par magie, les violences et les inégalités FONDATRICES de l’Ancien Régime ? Les dérives d’Israël doivent-elles avoir pour effet d’annuler la Shoah... ou en résultent-elles ?